À l’occasion de la Journée internationale de lutte contre la corruption, l’ASBL Tahari a organisé, dans la salle Monseigneur Kapia à Lubumbashi, un atelier de sensibilisation portant sur les dérives liées à la corruption dans le secteur minier en République démocratique du Congo. Cette activité a rassemblé des acteurs communautaires, des experts indépendants, des leaders de jeunesse, des membres de la société civile, ainsi que des journalistes engagés dans la promotion de la transparence et de la bonne gouvernance.
Dans son discours d’ouverture, Louis Trésor Tshikonde, Secrétaire Général de l’association, a rappelé que le secteur minier représente un pilier essentiel de l’économie nationale. Toutefois, a-t-il souligné, ce secteur reste profondément affaibli par une corruption systémique qui détourne les richesses produites au détriment de la population.
Il a dénoncé notamment les contrats miniers souvent négociés dans la plus grande opacité, la contrebande des minerais stratégiques, le manque de traçabilité des revenus générés et l’absence d’investissements directs dans les communautés affectées par l’exploitation minière.
Les participants ont relevé un contraste frappant : malgré les ressources naturelles colossales du pays, les communautés vivant dans les zones minières sont confrontées à la pauvreté, à la dégradation environnementale et à l’insuffisance d’infrastructures essentielles. Un paradoxe qui, selon les intervenants, découle du manque de gouvernance éthique et de la faiblesse des mécanismes de contrôle.
Ils ont également mis en lumière les risques de blanchiment, les réseaux de corruption impliquant certains agents publics et privés, ainsi que l’absence de sanctions exemplaires, facteurs qui freinent le développement national.
Au cours des échanges, plusieurs recommandations ont été formulées afin d’améliorer la gouvernance minière, notamment :
•la transparence totale sur les contrats et conventions minières ;
•le suivi indépendant des flux financiers issus du secteur ;
•la sanction effective des auteurs de fraude ;
•la protection des lanceurs d’alerte ;
l’investissement direct dans les écoles, les infrastructures routières, les centres hospitaliers et les projets agricoles ;
•l’obligation pour les entreprises minières de publier régulièrement leurs contributions fiscales et sociales ;
•le renforcement des institutions de contrôle, notamment la Cour des comptes et l’Inspection Générale des Finances ;
la formation des acteurs communautaires sur les mécanismes de gouvernance minière ;
•la lutte renforcée contre l’exploitation illégale des minerais ;
•la participation active des communautés locales dans le suivi des projets miniers ;
•la création d’un fonds local de développement, alimenté par une part fixe des revenus miniers ;
•l’intégration de la transparence des contrats dans la réforme du Code Minier ;
la moralisation des agents publics œuvrant dans les services douaniers et administratifs ;
•la digitalisation de la gestion des flux miniers afin de réduire les manipulations humaines et la fraude administrative.
Ces recommandations visent à instaurer un cadre responsable, participatif et durable permettant de faire du secteur minier un levier réel de développement pour le pays.
La rencontre s’est clôturée sur une annonce forte : Tahari mettra en place un mécanisme de veille citoyenne permanente. Ce dispositif impliquera des jeunes leaders, des journalistes et des membres de la société civile pour documenter les abus dans le secteur minier, publier régulièrement des alertes et encourager la transparence dans la gestion des ressources.
Cette initiative marque une nouvelle étape dans l’engagement de l’ASBL Tahari en faveur d’une gouvernance responsable, afin que les richesses du sous-sol congolais profitent réellement aux populations.
Cet atelier s’inscrit dans un effort continu visant à éduquer, mobiliser et responsabiliser les acteurs autour d’un enjeu national : garantir un secteur minier transparent, équitable et bénéfique à l’ensemble des Congolais.
Par Prisca ngoie



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