Kolwezi, Lualaba Une effroyable alerte s’est jouée lundi matin à l’aéroport de Kolwezi, lorsque l’avion transportant le ministre des Mines, Louis Watum, a pris feu peu après l’atterrissage, semant la panique parmi ses passagers et provoquant d’importants dégâts matériels. Si personne n’a été blessé, l’incident met en lumière les “trous” structurels du site en matière de sécurité aérienne.
Selon des témoins, l’appareil, en provenance de Kinshasa, aurait quitté la piste après avoir touché le sol, puis s’est embrasé. Grâce à une évacuation rapide, le ministre et tous les membres de sa délégation ont pu sortir indemnes. « Nous sommes tous sortis, mais nos bagages sont restés dans l’avion », a rapporté le conseiller en communication du ministre. À ce stade, aucun blessé n’est à déplorer, mais l’immense panache de fumée et les flammes ont profondément marqué les observateurs.
La mission du ministre à Kolwezi n’était pas anodine : il devait évaluer les dégâts causés par l’éboulement tragique survenu quelques jours plus tôt dans un carré minier de Mulondo, incident qui a coûté la vie à plus de 49 personnes.
Cet accident relance les inquiétudes autour de l’aéroport de Kolwezi, notamment sa capacité à gérer efficacement des situations d’urgence. Bien que plusieurs sources rapportent la construction d’une caserne anti-incendie sur le site, les travaux n’en sont pas encore totalement achevés.
En effet, selon quelques sources, les travaux de la caserne anti-incendie sont achevés à environ 85 %. Cette caserne comprendra un garage pour plusieurs véhicules (pompiers et ambulance), des parties administratives et des dortoirs pour les sapeurs-pompiers. Cependant, tant que ces travaux ne sont pas complètement terminés et opérationnels, la capacité de réaction face à un sinistre demeure limitée.
Même si le président Félix Tshisekedi a inauguré en juin 2025 la nouvelle aérogare de Kolwezi ainsi que la caserne des pompiers, certains doutes persistent quant à l'efficacité pratique des services de secours dans l’immédiat.
Par ailleurs, un rapport de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) évoquait dès 2013 la nécessité d’un “poste de lutte contre l’incendie” à Kolwezi, dans le cadre d’un plan plus large de modernisation aéroportuaire. Cela montre que la volonté d'améliorer la sécurité est ancienne, mais que la réalisation concrète est toujours en cours.
L’aéroport de Kolwezi ne souffre pas seulement d’un retard dans sa caserne anti-incendie : la zone aéroportuaire est également confrontée à des occupations illégales. En septembre 2025, les autorités provinciales ont sommé des habitants de quitter des terrains improprement occupés dans l’enceinte de l’aéroport, relevant que ces constructions constituaient un “danger permanent” pouvant accroître les risques d’accident ou d’incendie.
Ces occupations pourraient non seulement gêner les manœuvres d’atterrissage et de décollage, mais aussi entraver l’action des secours en cas d’accident renforçant l’idée que l’aéroport n’est pas encore prêt à gérer des situations de crise avec l’efficacité souhaitable.
L’incident survient à un moment particulièrement sensible. Le ministre Watum se rendait à Kolwezi pour évaluer les dégâts d’un éboulement mortel dans une zone minière. Sa sécurité et sa capacité à revenir rapidement sur le terrain sont donc symboliquement importantes. Le fait qu’un accident se produise à l’aéroport dessine un tableau troublant : comment garantir la sécurité des personnalités officielles quand les infrastructures de secours restent, elles aussi, en chantier ?
De plus, la question de l’homologation de l’aéroport en tant que plateforme internationale est soulevée depuis quelques mois. La gouverneure du Lualaba, Fifi Masuka, demande officiellement cette homologation, arguant que les constructions en cours (terminal, tour de contrôle, caserne) respectent les normes de l’OACI. Mais l’incendie manqué de ce lundi montre qu’avoir des normes sur papier ne suffit pas : il faut que les dispositifs d’alerte et d’intervention soient fonctionnels.
L’accident évité de justesse à Kolwezi sert de signal d’alarme : s’il y a des engagements forts pour moderniser l’aéroport, les infrastructures critiques, notamment les équipements de secours, ne sont pas encore pleinement opérationnels. Le gouvernement provincial et les autorités de l’aviation devront accélérer les travaux et garantir que la caserne anti-incendie soit prête à intervenir, car le simple décor d’un aéroport “moderne” ne protège pas contre les drames potentiels.
Louis tshikonde depuis Lubumbashi


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